Par Patrick Fioreletta, kinésithérapeute et directeur de Sophrolor, École Lorraine et Centre d’application de Sophrologie Caycédienne.
Pour toutes informations : ecolelorrainesophrocay@gmail.com

Un peu d'exercice pratique

QU’EST-CE QUE LA SOPHROLOGIE CAYCÉDIENNE ?

• Un entraînement du corps et de l’esprit pour développer sérénité et mieux-être.

La Sophrologie Caycédienne est un entraînement personnel basé sur des techniques de relaxation et d’activation du corps et de l’esprit. Elle a pour objectif le renforcement des attitudes positives au quotidien. Elle se fonde sur l’observation et l’étude de la conscience, de la perception corporelle et de la relation corps-esprit, ainsi que leur influence sur le mode de vie. Elle participe activement à la gestion du stress et des émotions négatives quelles que soient leurs origines.

• La Sophrologie Caycédienne s’inscrit dans la continuité de la pensée et de l’œuvre du Pr Alfonso Caycédo, médecin psychiatre.

• Découvrir sérénité et mieux-être 

La pratique régulière de la Sophrologie Caycédienne avec un professionnel puis de façon autonome permet ainsi à chacun d’optimiser ses capacités et son efficacité au quotidien.

Elle favorise le développement de la perception positive du corps, de l’esprit, des états émotionnels et des valeurs positives. Selon les objectifs recherchés, les techniques sophrologiques sont porteuses de sensations de vitalité et d’énergie ou au contraire de relâchement des tensions et de sérénité.

Chaque étape de la méthode a ses objectifs propres et se compose d’une série d’exercices basés sur la concentration, l’imagination et la contemplation. Certains exercices utilisent les cinq sens pour développer la conscience contemplative, ce qui nous amène à être plus conscients du moment présent.

D’autres techniques utilisent l’imagination pour aider à anticiper positivement le futur et à mettre en valeur les sentiments positifs du passé.

Au cours des séances, la personne va apprendre à devenir plus consciente d’elle-même, à être « sujet » de son corps et de son esprit ; elle prendra peu à peu les rênes de sa vie, en s’éloignant des automatismes et des conditionnements, de la tyrannie du matérialisme et de l’urgence quotidienne.

D’un point de vue corporel, ces exercices réveillent des sensations de vitalité et aident à relâcher les tensions. Ils procurent un sentiment de sérénité, de bien-être physique et mental qui va permettre de sortir de l’état de stress permanent.

Au niveau mental, ils activent la concentration, la lucidité et la créativité de l’individu, lui permettant ainsi d’échapper aux préoccupations quotidiennes.

La pratique régulière aidera à canaliser les émotions négatives et se chargera d’éveiller les émotions positives. Cet entraînement va tendre progressivement vers la conquête d’une façon différente « d’être dans le monde », vers une mutation de la conscience ordinaire en une conscience harmonieuse et positive. Une existence pleine de vitalité qui se caractérisera par une attitude positive de l’individu, envers lui-même et face au monde environnant.

LES RÉSULTATS POTENTIELS

En général, dans les groupes que nous avons en charge, avec la répétition, le corps devient plus confortable, les participants sont moins envahis par des pensées parasites, les émotions sont moins variables et les personnes mobilisent leurs capacités, et actualisent la hiérarchisation de leurs valeurs.

L’attention, la concentration, le moral, la confiance en soi et la qualité du sommeil s’améliorent, la motivation à faire des choses augmente, les somatisations négatives s’atténuent (maux de tête, douleurs dans les membres et le dos, les problèmes de digestion), les angoisses s’améliorent, la surconsommation de produits calmants ou excitants diminue.

La pratique régulière favorise une écologie personnelle, porteuse de santé et de mieux être.

ÉLÉMENTS D’ÉVALUATION

Des études ont évalué la sophrologie et ont été publiées dans la littérature internationale. L’objet de ce chapitre n’est pas de faire une revue exhaustive de ces travaux, mais de donner quelques orientations synthétiques sur ce que l’on peut attendre de cette méthode en termes d’efficacité notamment sur les symptômes de stress, d’anxiété, de dépression.

Sur les troubles anxieux et dépressifs

Une publication française a montré que la sophrologie permet aux patients de mieux supporter leurs soins oncologiques en augmentant leur calme et en diminuant leurs craintes. Elle leur a aussi permis de faire un travail sur eux-mêmes (Barré, 2015).

La plupart des études portent plus généralement sur les méthodes de relaxation.

Une méta-analyse publiée en 2015 a porté sur différents traitements de l’anxiété, médicamenteux ou non. Elle a rassemblé 234 études ayant inclus 37.333 patients. Si les médicaments ont montré la meilleure taille d’effet (d de Cohen  = 2,02 globalement), la relaxation (17 études) avait une taille d’effet de 1,36 juste derrière la méditation de pleine conscience (1,56) et devant les thérapies cognitives et comportementales (1,30), toutes au même niveau que les placebos donnés dans les groupes contrôles des médicaments (1,29). A noter que la taille d’effet des listes d’attente était seulement de 0,20. (Bandelow, 2015).

Une autre méta-analyse publiée en 2018 portant sur 16 études cliniques contrôlées randomisées a montré que, globalement, la relaxation a un effet significatif sur les symptômes anxieux avec une taille d’effet de 0,62 (g de Hedges), c’est à dire modérée-haute.

Elle est également efficace sur les symptômes de dépression, phobie et inquiétude avec des tailles d’effet respectivement de 0,44, 0,40 et 0,54 c’est-à-dire modérées.

Les auteurs concluent que la relaxation peut être une intervention utile pour réduire les émotions négatives chez les patients souffrant de troubles anxieux (Kim, 2018)

La taille d’effet est considérée comme faible autour de 0,2, modérée autour de 0,5 et forte autour de 0,8 et au-delà.

En revanche, une étude publiée en 2017 n’a pas montré de différence significative chez des infirmières ayant bénéficié d’une technique de relaxation sur leur niveau d’anxiété, de dépression, de bien-être et de stress lié au travail (Calisi, 2017).

Deux revues portant sur le yoga ont montré une efficacité sur les symptômes anxieux ou dépressifs :

  • Dans la synthèse de Li, 25 études sur 35 ont mis en évidence une baisse significative du stress ou des symptômes anxieux (Li, 2012).
  • Dans la méta-analyse de Cramer ayant retenu 12 études cliniques (619 patients) une efficacité à court terme, limitée mais significative, de la relaxation a été mise en évidence :

Sur les symptômes dépressifs : différence moyenne standardisée (DMS) pour la relaxation de -0,62, -0,69 pour les traitements usuels et -0,59 pour les exercices physiques en aérobie.

Sur les troubles anxieux : DMS = -0,79 (Cramer, 2013).

Cependant, tous les auteurs soulignent une constante retrouvée dans toutes ces études à savoir leurs limites méthodologiques qui en affaiblissent les conclusions.

Sur la fonction respiratoire

Quelques études ont été menées :

  • Chez des asthmatiques. L’étude de Chiang (2009), chez des enfants, a montré que la relaxation induit une diminution de l’anxiété, mais pas de retentissement favorable sur la maladie asthmatique.

Plus récemment, Romieu (2018) a montré que chez des enfants hospitalisés pour crise d’asthme, la sophrologie ajoutée au traitement conventionnel a amélioré significativement le flux expiratoire de pointe, la saturation en oxygène, et le score de dyspnée apprécié par une échelle visuelle analogique. Elle n’a pas modifié la durée d’hospitalisation, l’utilisation des médicaments conventionnels ni les scores de qualité de vie.

Holloway (2007), chez des adultes, a mis en évidence qu’une méthode de relaxation (méthode Papworth) était susceptible d’améliorer significativement les symptômes respiratoires ressentis par les patients par rapport aux soins habituels à 6 mois, ainsi que l’anxiété et la dépression, mais pas les marqueurs objectifs de la fonction respiratoire.

  • Chez des patients présentant une bronchopathie chronique obstructive. Le yoga a amélioré la qualité de vie des patients, ainsi que la fonction pulmonaire à court terme (Fulambarker, 2012).
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  • Constantin (2008) a comparé, dans le cadre d’une étude contrôlée randomisée portant sur un petit échantillon de patients placés sous ventilation non invasive, soit une séance de sophrologie de 30 minutes pendant les 30 premières minutes de ventilation, soit des soins standards. S’il n’a pas montré de différence en ce qui concerne l’évolution des gaz du sang, en revanche il a mis en évidence une différence significative sur la réduction des difficultés respiratoires, l’inconfort, la douleur.

Dans ces troubles respiratoires, les méthodes de relaxation et la sophrologie sont capables d’aider à la fois à diminuer l’anxiété et le ressenti des symptômes fonctionnels.

En conclusion, malgré les imperfections des études, une tendance se dessine assez nettement en faveur d’une diminution, au moins à court terme, des symptômes anxieux et dépressifs par les méthodes de relaxation.

Références

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  • Bandelow B, Reitt M, Röver C et al. Efficacy of treatments for anxiety disorders : a meta-analysis. Int Clin Psychopharmacol 2015; 30: 183-192.
  • Barré C, Falcou MC, Mosseri V et al. Sophrology for patients in oncology. Soins; 2015: n° 800 : 17-20.
  • Calisi CC. The effects of the relaxation response on nurses’ level of anxiety, depression, well-being, work-related stress and confidence to teach patients. J Holist Nurs 2017 ; 35 : 318-327.
  • Caycedo Desprez, N., Fernández García, M-J., Van Rangelrooij, K., Fernández Rovirab, J., Molina Ayalab, M-J., Bulbena Vilarrasa, A.(2020), Efficacité du programme « Dormir bien & sophrologie » chez les patients en soins primaires souffrant d’insomnie chronique. Hegel, 3, 201-209.
  • Chiang LC, Ma WF, Huang JL, et al. Effect of relaxation-breathing training on anxiety and asthma signs/symptoms of children with moderate-to-severe asthma: a randomized controlled trial. Int J Nurs Stud. 2009; 46: 1061-70.
  • Constantin JM, Perbet S, Futier E et al. Impact of sophrology on non-invasive ventilation tolerance in patients with acute respiratory failure. Ann Fr Anesth Reanim 2009 ; 28 : 215-212.
  • Cramer H, Lauche R, Langhorst J, Dobos G. Yoga for depression : a systematic review and meta-analysis. Depress anxiety 2013 ; 30 : 1068-1083.
  • Fiorletta, P., Ganic, A., Royer, A., Grosjean, V.(2013), Mesure des impacts de la sophrologie caycédienne® sur le stress, Kinésithérapie la revue,13(142), 34-40.
  • Fiorletta, P., Grosjean,V. (2012), Apport de la Sophrologie Caycédienne® à la prise en charge du stress. Hegel, 3, 51-58.
  • Fiorletta, P. (2010), Fondement et théories de la Sophrologie Caycédienne®. Kinésithérapie la Revue, 10(103), 24–30.
  • Fiorletta, P.(2010), Les techniques clés de la Sophrologie Caycédienne®, Kinésithérapie la Revue, 10(103), 31–36.
  • Fulambarker A, Farooki B, Kheir F et al. Effect of yoga in chronic obstructive pulmonary disease. Am J Ther. 2012; 19: 96-100
  • Holloway EA, West RJ. Integrated breathing and relaxation training (the Papworth method) for adults with asthma in primary care: a randomised controlled trial. Thorax. 2007; 62:1039-42.
  • Kim HS, Kim EJ. Effects of relaxation therapy on anxiety disorders : a systematic review and meta-analysis. Arch Psychiatr Nurs 2018; 32: 278-284
  • Li AW, Goldsmith CAW. The effects of yoga on anxiety and stress. Altern Med Rev 2012; 17 : 21-35.
  • Romieu H, Charbonnier F, Janka D et al. Efficiency of physiotherapy with caycedian sophrology on children with asthma : a randomized controlled trial. Pediatr Pulmonol 2018 ; 53 : 559-566.